Travaux de la falaise de Dschang : Un communiqué qui cache mal un échec gouvernemental !

  • Ajouter le 23/05/25
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  • Rédigé Par MenouActu    


Le 15 mars 2025, le gouvernement camerounais, par le biais du Ministère des Travaux Publics, lançait les travaux de réaménagement (ce qui est différent de reconstruction) de la falaise effondrée de Dschang.


Trois mois. C’était le délai annoncé pour livrer ce chantier vital. Nous sommes à la fin du mois de mai, et non seulement les travaux ne sont pas terminés, mais le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi sort un communiqué qui ressemble plus à une fuite de responsabilité qu’à une explication crédible.

Une diversion déguisée en communiqué


Dans son communiqué daté du 23 mai 2025, le ministre tente de justifier l’échec du respect du délai par une excuse pour le moins honteuse : les usagers « occupent les assiettes des travaux ». En d'autres termes, selon le ministre, ce sont les populations elles-mêmes qui empêchent la bonne exécution des travaux. Voilà une déclaration qui frôle le ridicule, surtout lorsqu'on sait que c’est l’État qui a l’obligation de sécuriser un chantier et d’y interdire l’accès au public.


Plutôt que d’assumer l’incompétence du gouvernement ou les retards techniques et financiers, on préfère accuser les citoyens, comme si ceux-ci étaient devenus des experts du sabotage. C’est tout simplement indigne.


Un chantier mal organisé dès le départ


Le communiqué souligne que les travaux sont réalisés par l’entreprise CFHEC sous le contrôle de ECTA BTP, dans un environnement « instable » nécessitant des règles strictes d’interdiction d’accès. Or, ce chantier était censé être planifié en tenant compte de toutes ces contraintes. Ce n’est pas au moment du retard qu’on se souvient que le sol est géotechniquement fragile. Ce n’est pas quand le temps est déjà perdu qu’on réalise que des panneaux auraient dû interdire l’accès aux usagers.


Si les usagers utilisent la déviation aménagée pour les travaux, c’est tout simplement parce qu’aucune alternative réelle et efficace n’a été proposée. Où sont les déviations bien signalées ? Où sont les agents de sécurité pour encadrer le passage ? Où sont les barrières de protection ? Laisser un chantier ouvert à la population, c’est d’abord une preuve de désorganisation.


Des consignes données trop tard, et à moitié


Le ministre appelle au respect des consignes de sécurité. Mais de quelles consignes parle-t-on ? Aucune campagne sérieuse d’information n’a été menée. Aucun communiqué public n’avait jusqu’ici annoncé clairement que la circulation était interdite. On attend que le retard soit visible et que la grogne monte pour sortir un texte froid, administratif, et totalement déconnecté des réalités du terrain.


Trois mois pour rien ?


Le vrai problème, que le communiqué tente maladroitement de masquer, c’est que les travaux ne seront pas livrés dans les délais promis. Trois mois ont été donnés. Trois mois sont presque écoulés. Le chantier est encore loin d’être achevé. D'ailleurs rien n'a débuté, faites y un tour... Lorsqu'il pleut c'est une autre catastrophe !! Et ce communiqué, au lieu de dire la vérité aux populations, se contente de jeter la faute sur les victimes elles-mêmes.


Les populations de la Menoua souffrent. Les véhicules se renversent. Les marchandises prennent du retard. Les malades restent bloqués. Mais à Yaoundé, on se contente de signer des communiqués. C’est honteux. C’est méprisant. Et c’est surtout révélateur d’un gouvernement incapable de planifier, d’anticiper et de livrer. L'exécutif communal sur qui on pouvait compter, le maire est absent comme jamais.


Un chantier fermé… à la critique


Le ministre annonce que désormais, seuls les véhicules des entreprises auront accès au chantier. Mais pourquoi attendre fin mai pour prendre cette mesure ? Pourquoi ne pas avoir fermé dès le départ, comme cela se fait ailleurs dans le monde ? Cette fermeture tardive montre bien que les autorités ont improvisé tout au long de ce projet.


un communiqué de trop


Au lieu de rassurer, ce communiqué met en lumière le manque de professionnalisme et de responsabilité du Ministère des Travaux Publics. Il tente de transformer une faute gouvernementale en faute populaire. C’est non seulement injuste, mais insultant pour des citoyens qui, eux, subissent chaque jour les conséquences du retard.


Ce n’est pas un communiqué qui reconstruira la falaise de Dschang. Ce sont des actes concrets, planifiés, professionnels, rapides. Et de cela, le gouvernement semble encore loin. Ce qui révolte encore plus face à cette situation c'est le silence complice des élus de la Menoua (maires, conseillers municipaux, députés, sénateurs, conseillers régionaux). Que les populations en prennent actes, et se souviennent de ceux qui sont à l'origine de leur malheur lors des consultations électorales à venir.

Par Blaise Etongtek pour le journal citoyen Menouactu 

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